Le 17 mars 2020, nous subissions le premier confinement lié à l’épidémie de Covid (oui, pandémie, fait un peu trop apocalypse à mon goût, bien que nous en soyons au 3e confinement au moment où j’écris).
J’étais alors en poste à l’Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3 en tant qu’Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche en phonologie de l’anglais…
J’avais organisé les derniers cours et les oraux de conversation pour mes deux classes de L2 avec une équipe zélée de 4 lecteurs venus de presque tous les continents… Tout était paré pour plusieurs semaines « marathon » afin d’évaluer plus de 70 étudiants, des thèmes et sujets aux grilles d’évaluation… MAIS !
MAIS le confinement nous est tombé dessus sans prévenir !
J’ai été abasourdie, comme tout le monde, je pense, le temps du week-end mais je n’allais pas abandonner mes étudiants pour autant. Je savais que s’ils ne pratiquaient pas régulièrement la phonologie de l’anglais, les résultats aux examens finaux, qui seraient certainement organisés en ligne, seraient désastreux !
J’ai donc pris les choses en main. Dans un premier temps, j’ai contacté les étudiants et organisé des visiocours (version pédagogique de la visioconférence 😉 ), des permanences plusieurs matins par semaine sur Skype pour répondre aux questions des étudiants seuls ou en groupes et parfois même pour faire du soutien psychologique à grand coup de renforcement positif afin qu’ils tiennent le coup et s’accrochent en ces moments très difficiles pour certains.
Je me suis rapidement rendue compte que ce n’était pas assez…
J’ai donc décidé de mettre en place au plus vite un site d’entrainement. Les étudiants étant familiers des plateformes universitaires de type Moodle, j’ai choisi de mettre mes formations dans ce format en pratique, afin qu’ils aient des points de repère au milieu de tout ce bouleversement. Le site est accessible à l’adresse : https://moodle.angela.senis.org/
Concrètement, cela donne un enseignement sur 5 niveaux, reflétant peu ou prou les trois niveaux de Licence et les deux niveaux de Master (où je proposerai des sujets tendant vers la recherche). Le premier niveau ressemble à cela (chaque lien pointant vers un cours) :
J’ai donc développé des cours que j’ai essayé de rendre un peu interactif, en accord avec ma manière d’enseigner. J’ai disséminé des questions au fur et à mesure du cours dont les réponses se trouvent en bas de page. J’ai également inséré du contenu multimédia (j’utilise beaucoup la rétro projection en cours) afin de les aider à rester concentrer plus longtemps.
Ainsi chaque section est composée d’un chapeau fixant les objectifs :
Cela permet à l’étudiant d’être au clair avec les attendus et ses apprentissages réels
Ensuite viennent la ou les leçon(s), le petit logo devant étant toujours le même afin de bien signifier à l’étudiant qu’il s’agit de leçon et non d’application :
Les applications suivent généralement les leçons et peuvent adopter de multiples formes : des exercices classiques (réponses courtes, appariement, QCU, QCM, schéma avec étiquettes à replacer…) ou des jeux (Qui veut gagner des millions, jeux des serpents et des échelles, mots croisés, pendus…). J’essaie de varier les plaisirs :
L’un des intérêts de ces applications est que j’accède dans la console d’administrateur à des statistiques sur le nombre de tentatives, les scores obtenus, ce qui me permet d’intervenir sur le cours et / ou de contacter l’étudiant directement afin de remédier à la difficulté. L’étudiant a également accès à certaines de ces statistiques. Il devient de facto acteur de son savoir : il fait les exercices et tire des informations de ses succès et de ses échecs afin de se focaliser sur ses difficultés.
Enfin j’agrémente autant que faire se peut d’illustrations du cours avec des renvois vers des vidéos sur Youtube, des documents qui me semblent intéressants des articles accessibles (…) Ici, il s’agit d’un extrait choisi du film My Fair Lady, accompagné d’indications pour aider les étudiants à tirer le meilleur de cette expérience :
A la fin de chaque thématique, j’ai organisé un grand test final afin que les étudiants puissent s’exercer sur tous les thèmes et sous-thèmes abordés dans cette partie. Par exemple, la leçon sur les voyelles simples comporte une leçon générale et une leçon contrastée français/anglais. Par conséquent, les applications intermédiaires se concentrent sur chacun de ces points alors que l’exercice final les reprend tous, sous la forme de 20 questions tirées au hasard (mais jamais répétées pour un même candidat dans la banque de données de toute la partie concernée)
Concrètement, voici la forme générale que prend l’enchainement :
C’est cette structure que je m’efforce de préserver au fil des leçons afin de permettre aux étudiants de s’y retrouver…
Je dois avouer que je suis assez satisfaite du résultat. Néanmoins, même si j’ai accumulées beaucoup de notes de cours au fil de mes années d’enseignement, compiler, structurer un cours afin qu’il soit accessible à distance, anticiper les questions, veiller à maintenir un certain dynamisme malgré l’écrit est extrêmement chronophage ! Et je ne parle même pas du temps qu’il faut pour compiler les applications : des heures et des heures à éplucher les dictionnaires afin de trouver les exemples les plus adaptés, saisir les bases de données de questions, programmer les activités…
Par conséquent, l’alimentation de ce site prend beaucoup de temps et je n’avance pas aussi vite que je le souhaiterais.
Je suis certaine qu’il constitue un atout formidable pour l’apprentissage. Je continue donc à le développer aussi vite que je le peux en plus de mon travail « plus conventionnel » d’enseignant-chercheur. S’il s’est concentré sur la phonologie de l’anglais parce que cela correspondait à mes fonctions du moment, je suis également linguiste et j’ai l’intention de développer des thématiques dans ce domaine dans un futur proche…
Si vous êtes étudiant en phonologie de l’anglais et souhaitez bénéficier des ces cours, n’hésitez pas à me contacter (angela@senis.org) et c’est avec plaisir que je vous créerai un compte 🙂