Le sujet abordé dans cet ouvrage a fait et fait encore couler beaucoup d’encre et les actualités (belges entre autres) suffisent à prouver son caractère éminemment actuel. Le bilinguisme soulève énormément de questions et l’une des difficultés pour le cerner réside dans la transdisciplinarité que requièrent ces dernières (p.10).
De plus, la dimension subjective du bilinguisme lui fait revêtir des formes extrêmement variées en fonction de l’histoire de chaque individu concerné. Dans son avant-propos, Mackey met en avant les soucis méthodologiques et les difficultés à traiter un tel sujet.
En effet, l’un des préambules majeurs mais non moins problématiques consiste à définir en introduction ce qu’est « le bilinguisme ». Après une revue succincte des études antérieures, Mackey le définit comme « l’alternance de deux ou plus de deux langues » (p.9) et non comme un « équilinguisme » (p.14). Le contact de plusieurs communautés unilingues différentes est pour lui à la source de ce bilinguisme.
Toujours traité de manière périphérique et non comme objet principal d’une étude, le bilinguisme est ici présenté comme un « problème » : « Universalité du problème », « Complexité du problème », « Actualité du problème ».
Or, le bilinguisme serait statistiquement une caractéristique majoritaire de par le monde et plus paradoxalement une spécificité plus marquée in vivo dans les pays officiellement désignés comme « unilingue », les dialectes étant exclus de l’étude.
L’étude de la répartition des langues dans le monde montre une prévalence des langues indo-européennes et une tendance vers la standardisation due au développement des systèmes de communication. _ A l’inverse de cette standardisation, l’ « irrédentisme linguistique » ou affirmation des langues locales, s’explique par un désir d’affirmation local d’ordre politico-culturel. Cependant, une « dépendance linguistique », est inévitable, notamment afin d‘accéder au savoir et à l’information.
Dans ce but, les langues internationales telles que « l’anglais, le français, l’allemand, et le russe » (notons que l’espagnol est de moindre importance pour Mackey) sont garantes d’une certaine puissance politique. Cependant, le recours à ces « langues fortes » (p.19) brouille la démarcation entre « frontière politique » et « frontière linguistique », les langues pouvant être communes à plusieurs états frontaliers comme l’anglais au Cameroun occidental que l’on retrouve au Nigeria voisin.
Ce pays doit son statut linguistique si particulier à une histoire qui l’a façonné et qui a mené un bilinguisme officiel à côtoyer une réalité linguistique fonctionnelle si particulière que ce pays est souvent cité en exemple dans les travaux sur le bilinguisme, y compris dans l’ouvrage de Mackey.
Avoir grandi au Cameroun a été une expérience unique culturellement, socialement, mais également linguistiquement. Elle a été source d’ouverture aux autres et de respect de la différence. Elle est également le point de départ d’un bilinguisme, voire d’un multilinguisme individuel.
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